Un accident grave bouleverse tout : le corps, la vie quotidienne, et même l’image que l’on a de soi. Ce type d’événement surgit sans prévenir, vient briser l’équilibre personnel et fait voler en éclats l’illusion selon laquelle nous contrôlons notre existence.
Lorsqu’une personne devient paraplégique à la suite d’un accident, elle doit faire face à une transformation radicale de son rapport au corps. Ce corps qui, hier encore, se mouvait avec évidence, devient soudain paralysé, imprévisible, parfois ressenti comme « absent ». Pourtant, dans l’esprit, le mouvement reste attendu, imaginé, presque senti. Ce décalage naturel fait partie des mécanismes de protection du psychisme qui tentent d’amortir le choc.
Le corps, autrefois familier, peut alors devenir. Il est encore soi… mais ne répond plus comme avant. Cela peut provoquer de la honte, un sentiment d’injustice, de colère ou d’abandon. La confiance en soi vacille : comment continuer d’être soi-même quand une partie de soi ne suit plus ?
Le deuil du corps d’avant : un processus douloureux mais nécessaire
La blessure médullaire entraîne une séparation multiple :
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séparation avec certaines habitudes de vie,
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avec des rôles sociaux,
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avec des projets,
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et surtout… avec le corps tel qu’il était.
Cette rupture est réelle : une partie du corps n’obéit plus. Elle devient tantôt absente, tantôt envahissante (spasticité, douleurs, hypersensibilité…). Ce contraste crée une sensation de corps « coupé en deux ».
Chaque jour, il faut réapprendre à vivre, à s’habiller, à se déplacer, à accomplir des gestes autrefois évidents. Ce sont des moments difficiles, parfois humiliants, où la dépendance s’impose malgré le désir profond d’autonomie. Le temps se transforme : le quotidien devient une répétition d’épreuves.
Pour avancer, un travail psychique s’engage : faire le deuil du corps intact.
Ce deuil est particulier :
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ce n’est pas une autre personne que l’on perd,
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c’est une version de soi-même.
Comment faire le deuil d’une part de soi alors qu’on est toujours vivant ? Comment continuer de se reconnaître dans le miroir ?
Osciller entre l’avant et l’après
Les personnes concernées décrivent souvent une sensation de vivre sur une ligne brisée. Il y a un « avant » — bien vivant en mémoire — et un « après » qui reste à apprivoiser.
Beaucoup parlent d’une mort symbolique, celle d’une vie qui ne reviendra plus. Accepter cette rupture, c’est permettre une renaissance : reconstruire un lien à son corps, redéfinir ses projets et se réapproprier son histoire.
Ce va-et-vient entre ce qui a été perdu et ce qui reste à construire est normal. Il se fait par étapes, avec des moments d’élan et des moments de chute. Aucune trajectoire n’est linéaire.
Pourquoi un accompagnement psychologique est essentiel
Face à un tel bouleversement, personne ne devrait être seul.
Le psychologue aide à :
✔ Mettre des mots sur l’événement et ses conséquences
✔ Apaiser les émotions envahissantes (peur, colère, tristesse, honte)
✔ Retrouver un sentiment de continuité personnelle
✔ Restaurer l’estime de soi et la valeur du corps actuel
✔ Repenser l’avenir de manière réaliste mais porteuse de sens
Le but n’est pas d’oublier l’accident, mais de redevenir acteur de sa propre vie.
Vous vivez une situation similaire ? Parlons-en.
Qu’il s’agisse de vous-même ou d’un proche, vous pouvez trouver ici un espace d’écoute sans jugement. La reconstruction est un chemin long, mais chaque pas compte — et vous n’êtes pas seul(e) pour le parcourir.